La politique est essentiellement une affaire d’expérimentation. Les textes que nous avons rassemblés à cette occasion partagent, sur des modes différents, une ambition commune, celle de se dégager de toute pensée politique qui s’organiserait à partir de concepts massifs dont la fonction serait d’autoriser une position d’interprétation en surplomb par rapport aux situations politiques. Nous ne disons pas qu’une telle pensée est fausse, mais qu’elle a pour unique fonction d’interpréter. C’est au contraire à l’intérieur de la fabrication de ces situations, dans la manière par laquelle des rapports se construisent, se maintiennent et se prolongent, selon des consistances propres, que s’ouvre le champ de ce que nous appelons les «expérimentations politiques». Nous reprenons littéralement la proposition de Deleuze et Guattari selon laquelle «la politique n’est pas une science apodictique. Elle procède par expérimentation, tâtonnement, injection, retrait, avancées, reculades» (G. Deleuze et F. Guattari, Mille Plateaux, Minuit, Paris, 1980, p. 575). Il ne s’agit pas d’opposer le situé au général, le local au global, mais de s’installer à l’intérieur des processus d’individuation, dont les fabrications dépendent toujours d’agencements collectifs dans lesquels ils sont pris.
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